jeudi 19 novembre 2009

Et encore HADOPI...



Je me permet d'en remettre une couche sur la loi HADOPI, mais visiblement elle fait plus parler d'elle une fois passée qu'avant: ce soir, France 2 a diffusé un reportage sur cette fameuse loi sur le piratage. .

Le reportage commence pas dévoiler les portraits de dangereux pirates du net: un père de famille, gendarme, qui pirate des films via les filières peer-to-peer, car il estime le prix des DVD trop onéreux; un couple au chômage avec un enfant à charge qui ne peut se permettre d'écouter de la musique ou de voir des films que via le téléchargement illicite car ils n'ont pas les moyens de payer le "prix de la culture".

Ce a quoi un enquêteur de Que Choisir répond: "Il faudrait que les majors arrêtent de se plaindre: leurs bénéfices en temps de crise ont explosés de plus de 50% par rapport à l'année dernière, alors que Renault ou Peugeot ne fait que 2% ou 3% de plus! C'est ahurissant!".

Intervient alors une interview du PDG de Gaumont qui passe cinq minutes à geindre, en évoquant les terribles pertes que le piratage provoque sur son industrie, des pertes terribles pour la rémunération des artistes et des techniciens. La montre en or qu'il porte à son poignet, montre effectivement sa détresse financière!
Et lorsque le journaliste lui demande si les films ne sont pas vendus un peu trop cher, faute aux marges ahurissantes, celui-ci s'emporte et envoi le journaliste dans les roses.

Le reportage enchaine sur l'interview d'un PDG d'une société spécialisé dans le peer-to-peer, qui explique, visiblement agacé:
"Ceux qui téléchargent sur l'internet via les plateformes de peer-to-peer sont des neuneus! Des neuneus! Maintenant, les personnes ayant un minimum de connaissances sur le net téléchargent via le direct download, qui lui est intraçable!".

Vient le tour du créateur du site Wawa Mania, site de direct download qui explique sa démarche: "La culture pour tous!". Tout est dit.
Il évoque les poursuites judiciaires à son encontre: c'est alors à son avocat d'expliquer que la culpabilité directe de son client est difficile à démontrer, vu que le site est hébergé aux Iles Caïmans et non sur le territoire français.

Et le reportage conclut par l'impressionnante augmentation du nombre de concerts et sur les bénéfices énormes dégagés par ceux-ci: jamais la France n'avait connus autant de publique présent à des festivals musicaux ou des concerts que cette année. Et c'est précisément grâce aux concerts, que les artistes dégagent des bénéfices vraiment intéressants.

C'est donc ainsi que se conclut le reportage.

C'est ensuite au spectateur de se poser quelques questions sommaires que soulève la loi HADOPI:

La loi est-elle vraiment efficace? Non, car elle concerne des méthodes de téléchargement archaïques, que seul les "petits" téléchargeurs utilisent encore.

Le piratage représente t-il un véritable manque à gagner pour les artistes? Non, au contraire, vu que le piratage encourage paradoxalement les gens à se rendre aux concerts, qui sont réellement rémunérateurs pour les artistes.

Les majors sont-ils les grands perdants de l'histoire? Non, vu qu'ils se rattrapent sur la musique à la demande, en téléchargement payant et légale, et que leurs recettes ne cessent d'augmenter.

Qui sont les pirates pour la plupart: des dangereux groupes d'informaticiens qui téléchargent des centaines de gigas de données à la seconde ou des gens lambda? Eh bien des gens comme vous et moi, qui n'ont pas forcément les moyens de se payer des disques à 20 euros ou des DVD à 30 ou même 50 euros pour certains Blue-Ray. Des prix abusifs -pour des marges ultra rentables pour l'industrie du disque- que le prolétaire n'a pas forcément les moyens de se payer.

Le reportage éclaire donc la lanterne des gens (mais pas trop quand même) peu au fait des enjeux de cette loi HADOPI, et dévoile les faux arguments du lobbyisme de l'industrie musicale et cinématographique. Malgré tout on reste sur notre faim: le coté liberticide de la loi n'est pas évoqué, et de même pour certains aspects techniques, comme le détournement d'IP.

En somme, sans le piratage, qui aurais les moyens de voir un film de temps en temps, ou d'écouter des disques régulièrement? Et bien les gens aisés. C'est bien cela le monde dans lequel nous vivons: un monde où les classes ouvrières ne doivent pas avoir accès à la culture, pour rester des consommateurs dociles et ignorants, pour consommer,consommer, consommer...

/Edit: Je viens d'apprendre avec indignation que le reportage a été en partie censuré. La ligue ODEBI, qui prône la liberté d'information sur le net notamment, était censé intervenir lors de ce reportage, pour dénoncer entre autre le caractère caduque de la loi, et expliquer l'enjeu des piratages des réseaux Wifi. Leur intervention a tout simplement été coupée par la rédaction de France 2 peu avant la diffusion du programme. Cela est il dut a un coup de fil passé de la part de notre cher président? Ce passage n'aurait-il pas plu a notre Naboléon? Toujours est-il que nous pouvons alors saluer l'indépendance des médias dans notre pays.

La ligue ODEBI lance un mouvement de protestation sur le forum de l'émission, auquel je vous encourage à participer.

Pour de plus amples informations sur ODEBI, rendez vous sur le site officiel. Sinon vous pouvez toujours visionner cette conférence de presse, qui résume les objectifs de ce mouvement.

Pour visionner le reportage cliquez ici.

1 commentaire:

Waffle of Doom a dit…

Ca passe à la vitesse supérieure.
http://fr.readwriteweb.com/2009/11/04/a-la-une/dictature-20-think-global-act-local/